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Allô docteure, c’est moi, une patiente parmi d’autres.

  • Photo du rédacteur: wrebek
    wrebek
  • 10 nov. 2022
  • 3 min de lecture

Docteure Vander Stelt, j’apprécie et je comprends votre inquiétude face au gouffre du système de « santé ». Cependant, n’oubliez pas que vous avez fait le choix d’y aller dans cette tranchée. Quant à nous qui devenons vos patients et vos patientes, nous nous y retrouvons propulsés tout d’un coup et tout au fond, avec la plupart du temps aucun outil ni connaissance du système.


La différence est majeure.


Ayant participé en tant que patiente à divers groupes de patients partenaires, je connais personnellement des bénéficiaires qui ont donné et donnent encore beaucoup (trop) de leur temps. La plupart s’impliquent de façon bénévole en plus de devoir vivre avec les symptômes de leur maladie et de leurs traitements. J’ai été témoin et je suis encore témoin des efforts infructueux de certains bénéficiaires à faire valoir leurs droits ou à simplement faire entendre leur voix ; des plaintes à l’ombudsman, des plaintes à des comités de ceci et de cela sans aucun résultat probant. Tant d’énergie perdue en colère et en sentiment d’impuissance plutôt que dédiée à la guérison. D’autres auront trouvé des emplois au sein d’OBNL en marge du système ; encore une façon de se débattre contre la machine, avec des problèmes de reconnaissance et donc de financement par-dessus le marché.


La machine est tout à fait brisée et semble avoir perdu sa raison même d’être. Bien sûr que les médecins et leurs collègues s’enferrent dans ses rouages inhumains.

Mais les patients et les patientes ne peuvent pas prendre sur leurs épaules la charge de réparer ce gâchis : nous sommes déjà occupés à essayer de nous réparer nous-mêmes. (Notez que je parle ici des bénéficiaires qui s’investissent dans leur parcours médical. Les autres, ceux et celles qui se présentent devant les médecins en leur remettant toute la responsabilité de leur potentielle guérison… ce ne sont malheureusement pas ces gens qui auront lu votre lettre, docteure Vander Stelt.)


Je crois bien entendu que nous devons – les bénéficiaires du système de « santé » – faire partie de la conversation et être consultés dans la recherche de solutions. Par contre, l’énergie et la volonté de changement doivent venir de l’intérieur. De ceux et celles qui connaissent le système de fond en comble, ses voies de contournement et sa gestion inégale et incohérente avec elle-même. De vous qui avez décidé de faire de carrière au cœur même de la machine.


Ça pourrait, par exemple, commencer par :

– des médecins spécialistes qui refusent en bloc les alléchantes augmentations qu’on leur propose et revendiquent plutôt de meilleures conditions de travail pour les PABs et leurs collègues des soins infirmiers ;

– des médecins qui acceptent de déléguer une partie de leur pouvoir sans le prendre comme une menace, mais bien pour ce que c’est : du travail d’équipe (je suis bien consciente que certains et certaines l’acceptent avec plaisir, mais il y a encore beaucoup trop de résistance) ;

– des médecins de famille qui décident de ne pas suivre les réglementations mises en place restreignant le nombre de visites ou le temps de visite ou le nombre de « bobos » pour lequel une personne peut consulter en clinique sans rendez-vous (je pense surtout aux gens qui n’ont pas de médecin de famille), parce que, serment d’Hippocrate, tsé ;

 

Ça pourrait par-dessus tout être des médecins qui décident de faire pression pour changer la loi afin que le privé prenne enfin sa place au Québec ; le libre marché pourrait faire tellement de ménage dans tout ça ! Un véritable coup de balai sur ce tapis encrassé par la poussière. Et, évidemment, ça prend des gens qui ont la vocation et qui n’ont pas choisi leur carrière simplement pour le prestige ou le salaire. Il y en a malheureusement beaucoup plus qu’on le pense qui ne sont pas là pour les raisons qu’on souhaite ; ce n’est pas un mythe.


Mais pour que ça bouge, il faut que tous ces gens réalisent… que dis-je, que le peuple réalise qu’il détient les clés du pouvoir. Que les pouvoirs en place ne le sont justement que parce qu’on leur laisse tout ce pouvoir. Quant à moi, la politique devrait être complètement retirée du système de « santé ». Au moins, on pourrait créer des projets à long terme plutôt que de refaire la roue aux quatre ans. Quoi qu’il en soit, je n’ai que peu d’espoir en une réparation possible du système de « santé » de notre province. Mieux vaudrait tout jeter à terre et rebâtir à neuf. Sauf que, le raccourci-clavier ctrl+alt+del n’existe pas dans la vraie vie.


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