La maison

Cette maison est une boîte de bois et de verre posée près du fleuve, là où il appelle la mer dans ses bras. Près de la forêt, un sous-bois s'habite d'oiseaux et autres pépiements. Sous un ciel tantôt si bleu tantôt neigeux, j'irai marcher sur la grève, au pied du sentier. Dans la cuisine, j'écrirai un mot; chaque jour. Les murs se tairont et écouteront le silence des vagues et du vent.

J'aurai des herbes hautes qui cacheront des grenouilles et des abeilles. J'aurai la fleur du mal, dans un pot au soleil. Parfois, j'irai l'arroser, parfois, je resterai couchée. Et le jour couvrira l'eau.

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Aux étoiles, je chanterai des berceuses sans nom et elles me donneront leurs enfants. Je les coucherai au creux des pierres et ils fleuriront jusqu'à l'aube. Puis, la brume roulera et les emportera jusqu'au bout de l'ouest, là où la ville oublie le ciel.

C'est la vie qui sera mon amie. Je n'aurai pas de parent ni d'enfant. Je serai l'unisson du vent, étendue entre la terre et le firmament. Je croiserai les bras et le soleil les chauffera. J'étendrai les jambes et l'eau les couvrira.

Cette maison n'aura pas de volets ni de portes. Que des vitres immenses et des murs qui s'ouvriront pour moi. J'irai au fond, assise sur le divan; j'écouterai le temps. Il gonflera l'espace. J'aurai encore du sang et mes cheveux seront gris.

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Puis, au soleil du zénith, j'irai dans le bois derrière les buttes. À travers les champs, j'atteindrai l'orée de la forêt et les grenouilles suivront mon pas. Elles me pousseront vers la source et je boirai près d'elles. L'érable portera ma sieste et ses feuilles borderont ma tête. Le silence couvrira mon sommeil et je rêverai aux nids d'oiseaux et aux chenilles.

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Je m'éveillerai dans une robe en peau de lys. Dans la pénombre des arbres, elle brillera comme la lune. C'est elle qui guidera mes pas sur le chemin du retour.

Et je sourirai.

À nouveau, le silence sera en moi et sa chaleur brûlera l'hiver.